Paqui, Paqui ma sœur
C’est Les demoiselles de Rochefort.
C’est aussi Elton John, version 80’s, 90’s, dans ce tune « A word in spanish »
C’est le jingle de la pub pour le désherbant KB chanté à tue-tête dans sa voiture pleine de mouchoirs.
C’est les têtes au choco explosées au micro-onde. C’est la seule personne à avoir arboré, le jour de son mariage, une robe bleu royal arrangées de descente en pompon de rideaux.
C’est se retrouver un soir de pleine lune à se frotter la verrue avec un bout d’lard préalablement acheté au supermarché Waro d’Onex et finement caché dans un buisson près du resto l’Onésienne, et qu’a fini en cauchemar pour Paqui, qui y avait laissé aussi son porte monnaie au passage dans ce buisson onésien …
C’est cette carte postale de notre cité, reçue à l’hôtel lors d’un séjour avec notre mère en Tunisie, elle y avait entouré les quelques spots stratégiques : le night-club la Køpè, le parc et sa piscine municipale de rêve …
Des stylos, des gommes, des mouchoirs, des rubans, des nœuds roses, le turquoise aussi. Le rire, l’humour, la blague toujours bien sentie.
C’est le style, le bon goût, l’esthétisme qui ne fait pas dans le luxe l’ostentatoire, je me rappelle, petite, de ces étés passés à commenter les magazines, spécialement les « culs-dorés » (Point de vue), à scanner et surtout pas louper les fautes de goût, adorateurs et validateurs du kitsch. Nous en avons passé des moments à déconner sur la mine déconfite d’un fils de ou le vilain pli de la robe de la duchesse Duchnoc qui ne l’avantage pas!

Ce sont les romans-photos « Nous deux » que ma sœur et moi mimions et mettions en scène
( tu fais « Sandy » et moi je fais « Peter »), lorsque petite elle faisait des veilles de nuit et que je lui tenais compagnie.
Infirmière de son état, travaillant principalement avec des personnes âgées, elle maniait les rollators, les chaises roulantes comme pas deux, pétillante et rigolote, elle transformait les sorties à Vercorin en véritable déconnade party et filait des bonbecs en douce aux papis et mamis. Elle avait sa collection de stylos, feutres accrochés à sa blouse blanche, qu’elle aimait au gré des plannings d’équipe griffonner, smiley-ser ou signer « Paschkwaal ».
Les boules de Berlin de la Migros, l’eau gazeuse, le pain aux noix, le balsasa (vinaigre balsamique), son attrait pour les gadgets ménagers (machines à muffins, à pain, milk-shake and so on), les fous-rires devant les erreurs de traduction fréquentes des produits alimentaires de suisse allemand au français, la salade, les américaineries, les spécialités françaises et méditerranéennes, ses filles qu’elle aime plus que tout.
Une personne secrète, épiée aussi. Une grande candeur et innocence lorsqu’elle évoque ou vibre d’amour. Une ouverture vers la spiritualité et une grande soif de vie et de liberté l’habitaient depuis plusieurs années déjà.
Dans la rue de Carouge, à Carouge, Onex, dans les rues basses, sur le pont de l’île, à la Roche-sur-foron, Reignier, Annecy, Chambéry, Agde, Toulouse, Ste Foy-d’Aigrefeuille, Sainte Lucie, Majorque, Lisbonne, Londres, Canada, New York, elle est partout ma grande sœur.

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